Avant la sortie

Entretien avec Valentin Daniel autour de Maison Nébuleuse et GROK?!



Si vous suivez un tant soit peu l’actualité jeu de rôle sur les réseaux, vous aurez sans doute vu passer dernièrement une publication vantant le lancement d’un nouveau financement participatif pour un jeu sobrement baptisé GROK?!. (ou pas, je suis loin d’être un bon communicant ^^)
Proposé par
Maison Nébuleuse1, le projet concerne la traduction d’un jeu de Lester Burton2, portant des valeurs héritées d’acronymes passablement barbares comme Osr ou Fkr (nous y reviendrons).
Seulement voilà, il ne s’agit pas d’une simple traduction, mais d’une approche somme toute relativement originale du travail d’éditeur, puisqu’ici le matériau de départ sert de base à une véritable création autour de cet univers, une réinterprétation du travail de l’auteur.
Ça vous rend curieux ? (tant mieux)
Moi aussi, j’ai donc contacté
Valentin Daniel, aka Monsieur Maison Nébuleuse pour le questionner autour de GROK?!, de la maison d’édition, de sa démarche en tant que créatif et bien d’autres choses encore.

Salut Valentin.
Commençons par le commencement et parlons un peu de ton parcours pro, ainsi que rôliste, avant d’attaquer le pourquoi du comment de l’édition de jdr.
Concrètement, tu viens d’où et qu’est-ce qui t’as poussé vers le métier d’éditeur ?

Bonjour Barthus !
Je suis multi-diplômé en design graphique, après quelques expériences dans l’édition d’art et de design, j’ai passé les 5 dernières années de ma vie à enseigner l’art appliqué et plus spécifiquement les enjeux du design graphique à des lycéens (STD2A) et à des étudiants (BTS, DNMADE). J’ai décidé l’an dernier de rompre ma collaboration avec l’éducation nationale, ne partageant pas vraiment les mêmes objectifs politiques et encore moins, la même philosophie.
En tant que rôliste, j’ai toujours été la personne assez engagée – obsédée – pour lire des gros bouquins de règles en quelques jours et donc, pour être le maître du jeu. Ma première incursion dans le JDR s’est faite avec le Donjon de Naheulbeuk3, tout jeune adolescent, puis avec les 3 gros bouquins de la V.3.5 de Donjons et Dragons4, que j’ai complètement démontés avec mon frère et mes amis au collège et au lycée. Étudiant, je me suis retrouvé sur des Forum de RP, surtout sur un où nous jouions à Vampire la Mascarade5. Ce qui m’a permis de continuer à jouer avec des ami·es malgré la distance (en tant que joueur !). Puis j’ai continué à regarder de loin les actualités du JDR, sans y accorder de temps de jeu. Je n’étais plus tellement entouré de joueur·euses et j’apprécie tout particulièrement le côté social de la table de jeu. Jusqu’à ce que je découvre Mork Börg, peu après son financement, et que toute la puissance esthétique et technique de l’objet me fasse plonger dans les méandres des productions indépendantes et anglophones et que je tombe follement amoureux de la démarche d’Exalted Funeral6.

  • Mork Borg est son sens de l'esthétique... rhaaa lovely !


C’est d’ailleurs de cette fascination pour leur démarche que je me suis dit qu’il fallait que je tente l’aventure, que j’essaye de faire de mes compétences professionnelles, de mon réseau d’acteur·rices et de mon amour pour le jeu, un projet professionnel. Qui mettrait du temps pour exister, mais dans lequel je mettrais toute mon énergie.

Quand on va voir la page du projet, plusieurs points peuvent surprendre les habitués de la chose, dont le fait que tout de suite après le petit pitch du jeu, on enchaîne directement sur les données techniques du livre en lui-même… et quelles données s’il vous plaît !

Hé ben ouais, des données techniques


On est clairement dans la description d’un bel objet, qui plus est, édité à très petit tirage… de là à évoquer un “objet d’art” et de collection, il n’y a qu’un pas (que je franchis aisément). En général, pour un premier projet, les éditeurs cherchent à toucher le plus de monde possible, et inonder le marché avec leur bouquin.
Là, on parle de 200 exemplaires clairement destinés à un public d’amateurs avertis (tout en conservant un coût des plus raisonnable)…
Tu nous en dirais un peu plus sur ta démarche et comment tu envisages le rapport à l’objet livre ?

Disons le franchement, depuis quelques années, je suis rentré dans une démarche de réduction de ma consommation de biens. J’essaye d’acheter des objets culturels qui me paraissent assez pensés – aboutis – pour être autre chose que de simples biens produits en masse. Des objets qui pourront suivre ta bibliothèque toute ta vie pour le jeu de rôle. J’essaye aussi de me racheter une conscience face à ma consommation de cartes Magic The Gathering7, qui est un enfer écologique. J’aime beaucoup trop les scellés et les drafts, mais ne m’aidez pas, tout va bien, c’est mon dernier plaisir capitaliste.

Puisqu’on vous dis qu’on parle d’objet d’art !!!


À cette démarche, qui est fondamentale dans mon quotidien, s’ajoute l’envie de produire des objets de qualité qui font travailler des artisans locaux, nationaux et qui mettent en avant des techniques qui sont encore trop peu démocratisées dans le milieu du Jeu de rôle. Alors que dans la micro-édition, c’est le festival du mélange de techniques et d’esthétiques improbables depuis des années, sans parler des formes de livres qui se réinventent sans cesse !

Au-delà de la volonté de créer un livre qui soit un objet de collection et oui, d’artisanat quelque part. Je souhaite avant tout proposer des productions raisonnées qui respectent l’ensemble des acteur·rices de la chaîne de conception d’une édition et qui ne finissent pas dans un océan ou dans un incinérateur. Si imprimer en Chine est un investissement financier extrêmement intéressant, il y a un coût pour l’environnement que je suis loin de vouloir payer (même peu cher) et que je ne souhaite pas vendre à mes futur·es lecteur·rices.
Et si vous êtes habitués aux mêmes formes de livres, aux mêmes esthétiques, aux mêmes contenus, je vous en prie, allez voir tous ces gens qui font de la micro-édition et qui questionnent tous les jours leur rapport aux livres. Il y a certainement des salons près de chez-vous ! Cultiver son regard sur le livre, c’est cultiver sa culture et, c’est un point de vue personnel, il n’y a rien de plus beau.

Un autre point qui peut titiller les gens, c’est le montant du palier de financement du projet (4000€).
A l’heure où la plupart des maisons d’édition affichent des objectifs dérisoires en regard des coûts de production des bouquins, afin de créer de l’évènement en matière de com’ (1000% du financement atteint en 24h !!! Vous êtes Fantastiques !), tu sembles faire le choix de la transparence en ne promettant pas monts et merveilles.
C’est un pari risqué (les gens aiment avoir l’impression de décrocher la lune à chaque financement), mais que je trouve personnellement éminemment respectable.
Tu pourrais développer un peu ce choix de fonctionnement ? Et question annexe, tu penses quoi de la manière dont sont gérés les financements participatifs à l’heure actuelle ? 

Le choix de la transparence…


Concernant les financements participatifs, je vais éluder la question maintenant, je ne pense pas avoir assez de recul pour émettre un avis qui me paraisse pertinent. Dans quelques mois, dans un an peut-être, je pourrai te répondre, mais pour le moment je me sens encore trop peu cultivé sur le sujet pour être pertinent.
Concernant ma démarche autour du financement, je souhaite être totalement transparent vis-à-vis des gens qui s’engagent avec moi sur le projet et donc, par extension, avec mes collaborateur·rices. J’ai besoin de cette somme pour m’aider à payer Léa Bozier8 ; l’illustratrice, Maison Riso9 ; nos imprimeur·euses et les frais d’envoi. Avec cette somme je ne me rémunère pas, je produis. Si le financement dépasse les 4000€, je peux commencer à profiter d’un peu de sous, mais entre nous, je serai loin de pouvoir m’acheter une maison avec. Très loin. Là-bas, derrière l’horizon.

Revenons un peu au cœur de nos préoccupations… Le jeu de rôle.
GROK?!, en quoi ça consiste ? Et quel a été le cheminement qui t’as poussé à te dire “Ce jeu, je veux le proposer en Vf”

Pour le moment, mon fonctionnement de travail est assez chaotique. Je suis depuis septembre 2022 dans la prospection et la conception, au gré de mes envies. Bien que certains projets originaux soient presque aboutis, j’ai ressenti le besoin de créer un projet dense, tant dans sa proposition de gameplay que dans sa mise en valeur visuelle.
Je suis tombé amoureux de GROK?! dès que j’ai lu le financement de Lester Burton, je voulais que ce jeu existe autrement, je voulais y apposer quelque chose qui m’appartienne. Je voulais lui dire que je l’aime ! J’ai quelques hacks et settings qui traînent dans mes brouillons et il n’est pas impossible que certains voient le jour, mais je voulais proposer au marché Francophone cette petite perle.

GROK?! c’est un bac à sable. Le système est simple, volontairement ouvert et adaptable à toutes vos envies. Il reprend des mécaniques de jeux connues, les mélange et propose une façon de jouer qui s’adapte aux novices et aux expert·es. L’univers qui est proposé dans le livre a été créé par Lester afin d’illustrer son système, mais il est assez dense pour que vous plongiez avec curiosité et plaisir dans ses méandres de Science Fantaisie et ses tables aléatoires.
Si vous attendez que je vous décrive exactement l’ensemble des mécaniques du jeu, sachez que je ne le ferai pas ici, pas à l’écrit, mais que vous pourrez retrouver un kit de démarrage rapide sur la page de GROK ?! et que Pierre-Philippe Renaud10 a sortit une vidéo sur le sujet (lien dans les Notes et Références). Allez la voir !

Qui dit Osr dit PP sur la brèche évidemment !


Quand on connaît le jeu en Vo et que l’on regarde la page de ton financement, on peut être un peu perdu, voire saisi d’un doute quant au fait qu’il s’agisse bien du même jeu. On passe d’une grosse  vingtaine de pages anglaises à 64/72 pages en français, l’univers graphique est totalement différent… Ça se passe comment avec l’auteur pour faire passer un remaniement d’ampleur comme celui-là ?

Bien. Ça se passe vraiment bien ! Il participe au financement du projet et m’a dit, je traduis et adapte un peu : “Je ne comprends pas un traître mot qu’il y a dans ce financement ni dans ce livre, mais il est tellement beau que je devais financer ce GROK?!
Lester Burton est une personne géniale.
Première chose, le jeu est libre de droits et quand je suis allé voir Lester, que je lui ai exposé ma traduction et mes velléités éditoriales, il était enchanté. J’ai échangé avec lui tout au long de l’avancée du projet et il a toujours été très enjoué de voir un autre GROK?!. Il a fait un jeu très ouvert, je crois intimement que ce genre de production autour de son jeu original l’enchante réellement.
L’édition d’origine est vraiment très condensée dans sa mise en page. Loin de répondre à mes attentes personnelles en matière de design graphique. Je souhaite faire une traduction qui soit une véritable proposition, tant dans son écrit, j’ai ajouté quelques paragraphes qui me paraissaient importants, que dans son image globale. C’est logique quand on souhaite faire un objet qui soit raisonné et singulier.
J’ai pris les mêmes ingrédients que l’original, mais j’ai fait la recette à la Maison Nébuleuse.
Je précise tout de même que je trouve le travail fait par Lester Burton, Matias Viro11 (illustrations) et Emmalene Meyers12 (design graphique) formidable et totalement en accord avec leurs principes. Leur édition trône dans ma bibliothèque. Je ne hiérarchise pas les éditions, elles sont pour moi totalement différentes et proposent des regards sur une œuvre. Les deux et celles à venir doivent exister.


Est-ce que cette manière de faire va être appliquée à tous les jeux que tu comptes proposer ?

Dans un sens oui. La production raisonnée sera au cœur de nos propositions et même si nous allons très vite vers des créations originales, en français et en anglais, toutes nos futures traductions seront singulières dans leur forme. Je pense même proposer des objets qui soient une forme limitée d’un jeu que j’apprécie et que je souhaite proposer d’une autre façon (toujours en accord avec leurs auteur·rices).

Quand je t’ai contacté, nous avons eu l’occasion d’échanger sur le rapport entre le texte et l’objet livre (et, spoiler alert, c’était très intéressant), l’amour des matériaux, des savoir-faire, ainsi que sur une certaine éthique concernant la production ou encore la distribution… tout ceci m’amène à penser que (peut-être me gourre-je) tu te situes plus dans une démarche de création artistique que strictement éditoriale, et par là j’entends que tes objectifs ne sont pas forcément les mêmes qu’un éditeur “standard”. J’ai bon ou bien ?

Tout bon. En vérité, ça m’ennuie fortement de devoir créer une forme de différence entre les éditeurs, mais effectivement, en ce moment j’ai tendance, quand je dois me présenter rapidement, à dire que je suis auteur-éditeur. Il existe d’ores et déjà des éditeur·rices et micro-éditeur·rices qui fonctionnent de manière équivalente, mais pas encore tout à fait dans le tout petit monde du jeu de rôle. Cependant il y a des auto-éditeur·rices qui font des formes raisonnées, proches du fanzine ou de l’édition DIY et c’est très bien. Allez aussi les voir en convention et invitez-les si vous ne le faites pas. S’il y a bien quelque chose qui est important dans tous les milieux et qui doit prendre plus de place encore dans le JDR. C’est la diversité des propositions. Si cette diversité est montrée, elle devra se professionnaliser d’une manière ou d’une autre. Qu’attendez-vous ? Le monde capitaliste nous à d’ores et déjà montré que le monopole est une chose très néfaste et que celleux qui le détiennent sont les seul·es à en profiter.

La fin du Monopole… Mais ouais !!!


Quand on est dans la création de beaux objets (entre autres), quel regard on pose sur le contenu en lui-même et sa diffusion au-delà du livre en dur ?
Et comment comptes-tu aborder cet aspect du jeu dans tes productions futures ?

Je suis encore en pleine réflexion sur la diffusion de contenus numériques. Je prospecte beaucoup, rencontre des gens qui ne jurent que par ça. C’est une forme que je dois développer, il faut que je m’intéresse au VTT aussi. Je cherche et je vais trouver, mais je ne sais pas quand.
Pour le moment, je propose un .pdf du jeu, mais j’ai très envie d’aller au-delà et d’essayer de proposer des formes plus interactives, qui soient en lien avec leur support, comme avec l’objet livre. Par le code HTML et CSS en premier lieu, par une plateforme de diffusion peut-être…
Je sais que j’ai envie de mettre de l’énergie dans la conception des formes numériques à l’avenir, mais je sais aussi que je ne pourrais pas le faire seul et pour le moment, je suis seul à tenir la Maison.

Idéalement, tu vois comment l’évolution de Maison Nébuleuse dans les prochains mois/années ?

Idéalement, GROK?! sort. J’organise la soirée de lancement, je fais la fête, je bois sûrement un peu trop, je rigole un peu trop fort, je remercie tout le monde, je l’ai fait ! Ensuite, j’aimerai développer des jeux, des formes et des collections. Proposer des objets qui soient toujours élaborés avec amour et conscience, qu’ils proposent des expériences. J’aimerais en vivre. Je n’ai aucunement envie de devenir riche, la célébrité ne m’intéresse pas, même si j’aimerais que mon travail soit identifiable. Je n’ai pas la prétention de vouloir révolutionner quoique ce soit, mais j’aimerais pouvoir subvenir à mes besoins et à ceux de mon fils en m’amusant à faire des éditions singulières.

Youhouhou… le jeu est lancé les zamis !!!

J’aurais encore plein d’autres questions à te poser (dans un autre entretien peut-être), mais à un moment donné il faut savoir être raisonnable, aussi je vais lancer la dernière l’air de pas y toucher… tu nous ferais un peu de teasing de ton/tes futur(s) projets à venir ?

À partir de maintenant, à chaque fois que cette question est posée, je vais parler d’un jeu différent, mais qui est dans mes brouillons. Commençons ici. Aujourd’hui je vais te parler de l’Original. C’est un hack de Mork Börg où les joueur·euses incarnent des musiciens et leur groupe, des survivants en galère qui essayent de se faire une place dans le panthéon musical de la Grande Décharge. L’idée c’est de proposer un Mad Max13 poisseux au milieu d’une décharge post-apocalyptique où les voitures et l’essence seraient remplacées par des instruments et la musique. L’édition serait un immense bazarre inspiré des fanzines punks des années 70/80 en noir et blanc et de la revue Métal Hurlant14. Tout serait fait à la main, avec du découpage de magazines et de livres, de l’encre, de la bombe, de la peinture, des dessins partout (des copain·ines qui passent dans le coin) et le tout scanné et imprimé en anglais et en français. J’hésite à le faire cet été et à documenter le processus de création et de conception.

Ouh yeah !!! Metal Hurlant 🤘

Enfin, pour conclure, je te laisse la parole, si quelque chose te tient particulièrement à coeur, la place est à toi.

Si le projet vous intéresse et que vous aimeriez que nous travaillions ensemble, laissez-moi un message. Un message ce n’est pas un engagement, ni pour vous, ni pour moi.
C’est un appel à la discussion.
Discutons !

Bon, ben voilà un beau projet à mon sens. Si vous êtes sensible à l’économie/consommation raisonnée, au jeu de rôle, aux beaux livres et que vous souhaitez soutenir la création locale, je n’ai qu’une chose à dire : FEU !!!
Valentin a de beaux projets dans les tiroirs et je croise les doigts pour que les choses se passent au mieux pour Maison Nébuleuse. Certains me diront que le parti pris graphique pour GROK ?! ne les émeut pas plus que ça, à quoi je répondrai « Certes, chacun ses goûts… mais personnellement, je goûte la prise de risque et la position créative derrière, plus que les illustrations policées de bien des jeux… et ce qui prendra vie, au final… c’est le jeu lui-même ».
Venez soutenir cette maison d’édition (pour tout un tas de bonnes raisons) et réservez votre GROK ?! dès maintenant, il vous reste une quinzaine de jours sur kickstarter pour participer à l’envolée.

En complément, je vous mets le lien vers l’interview de Valentin par le Vieux Geeks

Propos de Valentin DANIEL recueillis par David BARTHELEMY

Annexes :

Une fois n’est pas coutume, nous allons ajouter à notre article quelques petits points de détail concernant plusieurs sujets évoqués dans l’article :
– Qu’est que le Fkr ?
– Qu’est-ce que la Risographie ?
– Concrètement, c’est quoi ce bouquin et pourquoi les collectionneurs feraient bien de se pencher dessus avant de regretter ?

1: Qu’est-ce que le Fkr ?

Le Fkr est donc l’acronyme de Free Kriegsspiel Revolution, un joyeux gloubiboulga linguistique au sein duquel selon les prononciations, l’on peut aussi bien voir apparaître de l’anglais, de l’allemand ou du français (ça, c’est pour le public français et son accent légendaire).
Inspiré en partie de vieilles pratiques de wargame, il résume plus un état d’esprit, une manière d’aborder le jeu, qu’un corpus de règles particulier (par opposition, plus ou moins à l’osr, qui repose en partie sur des mécaniques typées Donjonneries).
Ne cherchez pas de Donjons & Dragons dans GROK ?! par exemple, puisqu’il repose plus sur un mélange de Fate15 et Apocalypse World16, conciliant ainsi des principes des deux « plus grands » système génériques post années 2000.
Pour une explication plus complète, je vous renvoie à cet excellent article de C’est pas du Jeu de rôle, par Matthieu B.

2 : Qu’est-ce que la Risographie :

Puisque l’aspect technique de la création de l’objet livre est au coeur du projet, au même titre que le jeu en lui-même, il me parait intéressant de faire un petit point sur ce procédé d’impression qui nous vient du Japon (la société Riso), remettant l’artisanat et le goût de « l’imperfection » au centre d’une création aujourd’hui ultra standardisée. La risographie mélange ainsi différentes couches d’encres de couleur sur plusieurs passages en presse d’une même planche de papier.
Les encres réagiront bien sûr différemment aux différents types de papiers et le fait de devoir passer plusieurs fois une planche sous les tambours d’impressions produit invariablement des différences d’alignement (légères hein, rassurez-vous), rendant ainsi chacune d’entre-elles unique.

Elles sont belles mes couleurs

Ceci étant dit, je vous renvoie pour une explication plus détaillée et maîtrisée, directement sur le site de Maison Riso, puisqu’après tout, ils sont en charge de cette partie du projet et connaissent bien mieux leur domaine que moi.

3 : Concrètement, c’est quoi ce bouquin :

Là, c’est le paragraphe sans doute le moins objectif de tout l’article, puisqu’il va se résumer en une énumération de pourquoi il vous faut (selon moi) soutenir GROK ?! dans cette édition.
Depuis plusieurs années, le petit monde des rôlistes est régulièrement agité par des débats concernant la manière de produire les livres, l’impact écolo-économique de leur fabrication/transport et l’importance pour notre petit milieu de privilégier des acteurs locaux.
Si je résume, en gros tout le monde est « pour » le fait de produire en Europe, voire en France, plutôt qu’en Chine (avec tous les inconvénients qui viennent contrebalancer les coûts de production réduits).

Hé ouais, c’est moins cher, maiiiiiis… (mais pour le coup, le journal est très bien 🤩 )

Mais ça, bien souvent, c’est juste sur le papier… car le rôliste est comme tout le monde (à quelques exceptions près) ; il n’a pas une bourse extensible (hmm hmm !) et conséquemment, ce qui lui paraît idéalement relever de la bonne intention, tant que cela reste dans le domaine du débat d’idées… hé bien, le fait reculer lorsqu’il constate qu’il va devoir payer 10 à 20€ plus cher son bouquin tant attendu (et quand, comme cela devient la norme actuellement, il s’agit de foulancer 4 ou 5 livres d’un coup, ça commence à faire une belle différence) .
Ici, vous avez donc l’occasion de soutenir un projet dont toute la création se passe en France (il y en a d’autres me direz-vous), et qui plus est, de mettre un pied dans ce magnifique monde du livre d’art.
Car oui, il s’agit d’un jeu, mais pas seulement puisque votre livre va faire partie des « éphémères », c’est à dire que d’ici quelques mois/années, vous ne le trouverez juste plus sur le marché en cas de regrets, ou tout du moins, pas sous cette forme.
Maison Nébuleuse propose véritablement un collector, dans le sens où l’on parle vraiment d’un « petit tirage » (en gros, de 200 à 500 exemplaires en cas de gros succès).
Dû au procédé d’impression par risographie, chaque exemplaire sera différent des autres et numéroté.
On n’est pas tout à fait dans la même cour qu’avec les collectors à couverture en peau de mammouth vegan (lire simili plastique pseudo végétal) d’un Pathfinder17 ou D&D.
Et au milieu de tout ça, en terme de positionnement économique, Valentin est vraiment allé au plus serré, puisque votre bouquin collector/numeroté/imprimé avec amour ne vous coutera pas plus de quarante Euros.
Pour 40 balles, vous aurez donc un jeu (avec lequel, comme tout bon jdr, vous pourrez jouer des années), mais également la possibilité de rentrer (et de faire rentrer le jeu de rôle) dans le domaine de la collection d’art, et ce de manière éthique en terme de production.
Vous trouverez peut-être que j’en fait beaucoup, mais si vous regardez bien autour de vous, je vous mets au défi de me citer un équivalent dans le monde du jdr (petits malins qui vont me parler du Inflorenza18 de Thomas Munier19, je vous vois venir, c’est encore autre chose).
Voilà, moi je dis amis collectionneurs, foncez plutôt que de vous dire dans 2 ans « grrrrr…. pourquoi je ne l’ai pas pris à l’époque ? »… moi, c’est fait 😀

Le kickstarter
La page de Lester Burton

Notes & Références :
1 Maison Nébuleuse
2 Lester Burton
3 Donjon de Naheulbeuk
4 Donjons et Dragons
5 Vampire la Mascarade
6 Exalted Funeral
7 Magic the Gathering
8 Léa Bozier
9 Maison Riso
10 Pierre-Philippe Renaud
11 Matias Viro
12 Emmalene Meyers
13 Mad Max
14 Metal Hurlant
15 Fate
16 Apocalypse World
17 Pathfinder
18 Inflorenza
19 Thomas Munier


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